Quels sont les symboles papaux sacrés et leur signification…

Alors que le monde entier rend un dernier hommage ce samedi (26 avril), à l’occasion d’obsèques solennelles, au Saint-Père décédé le 21 avril 2025, les moindres faits et gestes tout comme les insignes visibles caractérisant la vie au Vatican font l’objet d’interprétations diverses. Derrière chaque symbole sacré se cache une histoire pas toujours connue de tous. En s’appuyant notamment sur des contenus développés par des médias intéressés par la vie papale, Télégramme360 vous invite à découvrir les plus importants symboles pontificaux et leur signification.
Vatican, le 25 avril 2025.-
Dans l’Église catholique romaine, le pape est le successeur de Saint Pierre, à qui Jésus a donné l’autorité d’établir son Église sur terre, selon le Nouveau Testament. Le pape est l’évêque de Rome et le pasteur principal de l’Église catholique romaine, qui compte près de 1,4 milliard de fidèles dans le monde.
La tiare papale
Connue sous le nom de tiare papale ou de « Triple Couronne », cette coiffe historique est le symbole le plus vénéré et le plus sacré de la papauté. En plus d’apparaître en évidence sur les emblèmes et armoiries papales, la tiare était aussi une couronne physique portée par les papes pendant plus de 1 000 ans.
Le nom latin de la tiare papale est triregnum, ou « triple règne ». Il s’agit d’une coiffe conique composée de trois couches, donnant l’impression d’une ruche élaborée, ornée d’or et de pierres précieuses.
Selon les historiens, la tiare n’a pas toujours comporté trois couches. Les premières versions, datant du IVe siècle, s’inspiraient d’une coiffe conique gréco-romaine appelée bonnet phrygien, ainsi que d’un chapeau byzantin appelé camelaucum.
La tiare a reçu sa première « couronne » annelée au XXe siècle pour représenter l’autorité du pape sur les États pontificaux, de vastes étendues de territoire en Italie centrale, dont Rome. Même s’ils n’étaient pas rois, les papes du Moyen Âge jouissaient d’un certain pouvoir terrestre, explique Christopher Bellitto, historien à l’Université Kean.
La deuxième couronne apparut sur la tiare du pape Boniface VIII en 1298, qui souhaitait souligner la domination spirituelle du pape. Une troisième couronne fut ajoutée un siècle plus tard, peut-être pour souligner l’autorité spirituelle et morale suprême du pape sur les rois terrestres.
Au fil du temps, la tiare papale devint de plus en plus élaborée et ornée de bijoux. Le pape Jules II fut couronné d’une tiare en 1503, estimée par un joaillier milanais à 200 000 ducats (chaque ducat représentait 3,5 grammes d’or pur). Chaque nouveau pape était couronné d’une tiare lors de son couronnement et la portait lors de processions spéciales depuis la basilique Saint-Pierre de Rome.
La tiare, véritable emblème de la papauté, a été retirée de la tenue officielle du pape lors des réformes de Vatican II dans les années 1960.
« Le dernier pape à s’être fait coiffer de la tiare fut Paul VI en 1963 », explique Bellitto, auteur de 101 questions et réponses sur les papes et la papauté. La magnifique tiare dorée de Paul VI est exposée à la basilique du sanctuaire national de l’Immaculée Conception à Washington, D.C.
Emblème de la papauté, la tiare est représentée par trois couronnes surmontées d’un globe et d’une croix représentant la domination de Jésus sur le monde. La tiare papale figure en bonne place sur les armoiries du Saint-Siège.
Les Clés Croisées
Le deuxième symbole le plus important de la papauté est connu sous le nom de « clés du royaume » ou « clés de Pierre ». Cet emblème se présente sous la forme de deux clés – l’une en or et l’autre en argent – croisées en diagonale et reliées par un cordon.
Les clés croisées sont l’insigne officiel de la papauté depuis le XIVe siècle, mais leur origine remonte aux paroles de Jésus dans le Nouveau Testament. Dans l’Évangile selon Matthieu, Simon-Pierre est l’un des premiers disciples à reconnaître Jésus comme le Messie. Jésus répond en déclarant : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… Je te donnerai les clés du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié au ciel, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié au ciel. »
Selon la tradition catholique, saint Pierre fut le tout premier pape, le « roc » sur lequel Jésus a établi son Église. Tous les papes depuis saint Pierre ont été investis de ces mêmes clés et de cette même autorité.
« Les deux clés croisées représentent le pouvoir du pape sur la terre et au ciel », explique Bellitto. « Car rappelons-nous que tout au long du Moyen Âge, le pape exerçait un contrôle gouvernemental important sur les États pontificaux. »
La clé d’or, placée à droite, représente le pouvoir du royaume des cieux, tandis que la clé d’argent représente l’autorité spirituelle du pape sur Terre. Les poignées des clés sont orientées vers le bas, car elles sont censées être dans les mains du pape. Le cordon qui relie les clés ensemble illustre comment l’autorité du pape unit le ciel et la terre.
L’Umbraculum
Un autre symbole sacré et ancien de la papauté est un parasol rayé, appelé umbraculum ou ombrellino. Comme la tiare papale, l’umbraculum était à l’origine un objet fonctionnel.
« C’était un objet que l’on portait pour protéger le pape », explique Bellitto, « comme on le faisait autrefois pour les rois et les pharaons. »
Au fil des siècles, le grand parasol rayé est devenu associé au pape, qui voyageait assis sur une litière spéciale appelée la sedia gestatoria, portée par des laquais et flanquée de grands éventails à plumes. Le trône portatif, semblable à celui d’un empereur, a été abandonné par le pape Jean XXIII dans le cadre des réformes de Vatican II, et l’ombraculum a acquis une fonction purement symbolique.
Le symbole de l’ombrelle est particulièrement présent sur les armoiries du camerlingue, le fonctionnaire du Vatican chargé de l’Église pendant l’interrègne, la période suivant la mort d’un pape, lorsque la papauté est temporairement vacante. Sur les armoiries du sede vacante (« siège vide »), l’ombraculum remplace la tiare au-dessus des clés croisées.
De plus, toutes les cathédrales catholiques qualifiées de basiliques reçoivent un ombraculum physique, placé à droite de l’autel et représentant l’autorité papale. Lorsque le pape visite l’une de ces basiliques, l’ombrelle est ouverte.
La mitre
Il existe plusieurs autres objets symboliques qui ne sont pas exclusivement utilisés par le pape, mais qui sont historiquement associés à la papauté.
La mitre en est le principal exemple. Aujourd’hui, tous les évêques de l’Église catholique romaine peuvent porter une mitre, un chapeau pointu composé de deux pans (avant et arrière) reliés par un tissu. Étant l’évêque de Rome, le pape peut également choisir de porter une mitre pendant la messe et d’autres cérémonies liturgiques.
Historiquement, cependant, la mitre était exclusivement portée par les papes. À partir du Xe siècle, avec le pape Léon VIII, la mitre était le « chapeau du pape » original, avant que la tiare papale ne se généralise. On pense que ce style de chapeau a été emprunté aux Grecs, qui couronnaient leurs champions sportifs d’un chapeau appelé mitros.
Bien que portée par tous les évêques catholiques depuis des siècles, la mitre reste un objet symbolique puissant pour les papes. Les deux papes les plus récents, Benoît XVI et François, ont tous deux utilisé la mitre au lieu de la tiare comme emblème de couronnement sur leurs armoiries papales.
Le pallium et la crosse
Le pallium et la crosse sont deux autres objets symboliques étroitement associés à la papauté. Tout comme la mitre, ils peuvent être utilisés par d’autres membres du clergé catholique, mais revêtent une signification particulière pour le pape.
Le pallium est une pièce de laine circulaire portée autour du cou, avec deux pans supplémentaires qui pendent à l’avant et à l’arrière. À l’origine, le pallium était une longue tunique quotidienne portée dans la Grèce antique, puis il est devenu un vêtement symbolique associé aux premiers chrétiens. Au Ve siècle, le port du pallium était réservé aux plus hautes fonctions du clergé catholique et cet honneur ne pouvait être décerné que par le pape lui-même.
Aujourd’hui, seuls le pape et les archevêques peuvent porter le pallium. Chaque objet sacré est fabriqué à partir de la laine de deux agneaux choisis chaque année lors de la fête de saint Agnus (agnus signifie « agneau » en latin). Lorsqu’un archevêque porte le pallium, il symbolise sa juridiction sur une zone géographique donnée, comme une ville ou un État. Lorsque le pape porte le pallium, il symbolise sa juridiction sur le monde entier. Bellitto précise que si le pape visite une ville, l’archevêque local ne portera pas son pallium, en reconnaissance de son autorité suprême.
La crosse est une houlette de berger qui remonte aux bâtons portés par les douze premiers disciples de Jésus. Au IVe siècle, tous les nouveaux évêques recevaient une crosse, symbole de leur responsabilité de prendre soin des plus faibles de leurs fidèles.
Ce n’est qu’avec l’avènement du pape Paul VI, à la fin des années 1960, que la crosse fut adoptée comme symbole papal. Paul VI souhaitait souligner son rôle de « pasteur » suprême de l’Église, et il choisit donc de porter un bâton d’argent couronné d’un crucifix. Depuis, plusieurs papes ont adopté le bâton pastoral comme symbole de leur office.
Avec Vatican News et CNN