Face à la menace des gangs,la Justice prend ses jambes à son cou…

Face à la menace des gangs,la Justice prend ses jambes à son cou…

La décision du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) d’autoriser le doyen du tribunal de Première instance de Port-au-Prince à abandonner son décanat au bicentenaire pour aller trouver refuge au tribunal de paix (section Sud) de la capitale peut être interprétée de diverses manières mais une chose est sure et sans équivoque, la justice n’incarne plus l’autorité de l’État…

Cette délocalisation du TPI vient de consacrer l’impuissance de l’État même si tacitement tout le monde avait déjà constaté l’incapacité de nos « dirigeants » à faire régner l’ordre dans la zone du bicentenaire, devenue depuis quelque temps la chasse gardée de l’un des gangs les plus puissants de la république.

Certains diront que le fait d’approuver le déplacement des activités du tribunal n’est que justice au regard des multiples initiatives entreprises par les habitués de ce lieu en ce sens. Avocats, magistrats et justiciables ne se lassaient pas de réclamer du gouvernement un autre espace pour abriter le temple de Thémis par crainte des agissements des malfrats qui enlèvent et tuent de façon indiscriminée dans les parages mêmes du tribunal sans être inquiétés.

Mais que fait-on du symbole de l’État qu’est le pouvoir judiciaire ?

Dans l’État de société, pour éviter la guerre de tous contre tous, la force de l’État repose sur la justice pour inspirer la crainte. Parler de justice donc, c’est parler de toute l’artillerie mise à son service pour faire entendre raison aux indélicats et garantir la sécurité aux citoyens paisibles.

Le (TPI) Tribunal de Première Instance est symbolique mais il n’est sans doute pas la dernière ni la première entité étatique à baisser les bras face à la terreur des bandits. Avant, il y avait d’autres institutions à fuir le bicentenaire, désormais considéré comme un no man’s land.

Les archives nationales, le BMPAD, l’EDH, l’IHSI, le bureau du Premier ministre entre autres ont pris la poudre d’escampette. Le chef du gouvernement, président du Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN), sans s’indigner, dirige, généralement, les réunions stratégiques de cette instance décisionnelle de la PNH depuis sa résidence officielle à Musseau (Pétion-Ville). Le Sénat de la république (le Parlement) avait songé à déménager à une époque mais résiste encore apparemment…

Chacun se donne l’illusion de se mettre à l’abri en laissant les zones rouges contrôlées par les gangs.

Cela n’a pour conséquence évidemment que d’étendre le périmètre occupé par ces derniers qui, de plus en plus, ne font que pousser l’État dans ses derniers retranchements.

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