Accords,désaccords,impasse en Haïti,la CARICOM prend la main

Accords,désaccords,impasse en Haïti,la CARICOM prend la main

C’est la Jamaïque qui est retenue par la Communauté des Nations de la Caraïbe pour tenir un sommet inter-haïtien entre le 11 et le 13 juin 2023 dans l’espoir de résoudre une crise chronique, exacerbée par l’assassinat crapuleux du président Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021. Loin de faire l’unanimité dans le secteur politique, à l’instar du Haut Conseil de la Transition (HCT) qui annonce sa décision de bouder l’initiative compte tenu du lieu choisi, l’invitation est plutôt bien accueillie par la plupart des acteurs ciblés qui promettent de faire le voyage sur l’ile voisine. Mais que peut-on vraiment espérer de la démarche de cette organisation sous-régionale…

Port-au-Prince, le 7 juin 2023.-

« Le lieu importe peu car on a déjà assisté -par le passé-à des initiatives de ce genre pour tenter de résoudre des crises à travers le monde y compris en Haïti », tranche le dirigeant du parti UNIR. Clarens Renois ne manque pas d’exemples pour étayer sa thèse. Governor’s Island, Camp David (U.S.A) et Oslo (Norvège) figurent parmi les sites les plus notoires ayant hébergé des rencontres entre opposants selon le président de l’Union Nationale pour l’Intégrité et la Réconciliation.

Le président du parti Union Nationale pour l’Intégrité et la Réconciliation (UNIR),Jean Clarens Renois

Même son de cloche du côté de la Force Louverturienne Réformiste présidée par Emmanuel Ménard. « Je suis condamné à discuter dès qu’il s’agit d’Haïti, quel que soit le lieu même sur Mars », affirme-t-il tout en avouant avoir un pincement au cœur quand il se réfère à l’histoire du pays, devenu aujourd’hui la risée du monde. 

« Toute honte bue, tout nationalisme mis à part », le numéro un de FORCE ira défendre sa position en présence des acteurs nationaux et internationaux à la Jamaïque. D’ailleurs, il dit avoir déjà signifié son accord de principe au Premier ministre des Bahamas, Philip Brave Davis, président en exercice de la CARICOM, qui lui a adressé l’invitation à prendre part à ce sommet-en terrain neutre-conformément aux promesses faites par la délégation de l’organisation en février dernier.

Le président du parti Force Louverturienne Réformiste(FORCE),Emmanuel Ménard

Les dirigeants politiques, représentants de la classe des affaires, de la société civile et les socio-professionnels conviés vont échanger en l’espace de ces trois (3) jours autour d’un menu pour le moins copieux. Gouvernance et sécurité, état de droit et entente sur l’organisation des élections. 

Trois (3) anciens premiers ministres : Perry Christie (Bahamas), Bruce Golding (Jamaïque)et Kenny Antony (Sainte Lucie) sont engagés par la Communauté Caribéenne pour faciliter les discussions entre les haïtiens.

Apôtre infatigable du dialogue pour sortir Haïti de l’impasse dans laquelle elle s’est est embourbée depuis fort longtemps, Clarens Renois y voit une bonne chose car il mise sur cette médiation pour la signature d’un accord assortie d’une feuille de route indiquant les étapes à franchir au regard des « Tentatives précédentes qui n’ont rien donné en termes de résultat ».

La sérénité offerte par le lieu de la rencontre ajoutée à l’encadrement escompté laisse le leader du parti UNIR très confiant. 

Par la voix de sa présidente, Mirlande Manigat, le Haut Conseil de la Transition (HCT) fait partie des rares entités invitées, à décliner l’appel de la CARICOM pour se rendre en territoire jamaïcain afin de discuter d’affaires haïtiennes. En plus de la réserve exprimée par rapport au lieu retenu, le HCT avance qu’une démarche similaire a été entreprise tout récemment à Port-au-Prince. Démarche qu’avaient boudé nombre d’acteurs impliqués dans la crise pour des raisons diverses.

« Le HCT a trahi les termes de l’accord du 21 décembre », tempête Emmanuel Ménard avant de faire valoir qu’un consensus est désormais nécessaire pour une nouvelle gouvernance. « Le constat est clair que le PM Ariel Henry et son équipe ont échoué piteusement », déclare le président de FORCE.

Avec son cortège de problèmes et de défis, Haïti demeure une source de préoccupation pour ses voisins les plus proches en particulier et la communauté internationale en général. Il n’y a pas longtemps, le Secrétaire Général des Nations-Unies a attiré l’attention sur le fait qu’Haïti est une menace pour la sécurité internationale.   

Après environ deux ans d’une transition dirigée par le Premier ministre Ariel Henry depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse, les lignes n’ont visiblement pas bougé. Des accords ont été paraphés (21 septembre 2021-Montana-Pen-21 décembre 2022) ici et là mais le pays se retrouve sans élus en 2023.

Le sommet de la Jamaïque sera la énième tentative destinée à faire entendre raison aux haïtiens (toutes tendances confondues) pour finalement prendre leur pays au sérieux et trouver une entente sur l’essentiel. Rendez-vous donc le 13 juin pour voir ce dont Kingston aura accouché… 

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