Fritz Alphonse Jean ou la tentation de servir

Fritz Alphonse Jean ou la tentation de servir

Il a été nommé Premier ministre sous l’Administration provisoire de Jocelerme Privert (2016). Son nom a figuré sur la liste des Premiers ministrables, à l’heure où le Président Jovenel Moïse se débattait à mettre en place un Gouvernement de consensus pour « sauver » la fin de son quinquennat (2020). 

Farce de mauvais goût pour certains, stratégie politique insipide pour d’autres, il a été élu Président pour « la transition de deux ans » que comptaient implanter les signataires de l’Accord Montana dans le pays (2022). Ces « coups politiques » dont Fritz Alphonse Jean a été bénéficiaire de premier plan, laissent comprendre que cet homme né au Cap-Haïtien serait frappé du syndrome d’hubris ou habité par le désir forcené de « servir » son pays. Sa vérité est peut-être dans son parcours.  

Economiste diplômé de l’Université Fordham (Etats-Unis), Fritz Alphonse Jean détient une spécialisation en Monnaie et Banque, et une autre en Commerce international. Trainant derrière lui plus de vingt-cinq (25) ans d’expérience dans les secteurs public et privé, cet homme né le 22 avril 1956 et viscéralement passionné de la commune Sainte Suzanne (Nord-est), lieu de son élection de domicile, a été Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH) de 1998 à 2001 sous la Présidence de René Préval. Sa nomination à ce poste, il ne l’avait pas volée puisque bien avant FAJ a été Vice-gouverneur de la Banque des banques ; autant dire qu’il en connaissait les tenants et les aboutissants. 

Habité par la boulimie du savoir et du faire-savoir, le sexagénaire est un ex-doyen de la Faculté des sciences économiques de l’Université Notre Dame d’Haïti (UNDH). Il a été également Professeur à l’université d’Etat d’Haïti. Les doigts des deux mains ne suffisent pas pour compter les nombreuses Conférences qu’il a données tant sur l’économie que sur la politique. 

Homme d’action, mais avant tout homme de pensée, Fritz A. Jean est l’auteur de nombreux ouvrages dont La fin d’une histoire économiqueL’actualité d’Anténor Firmin : Hier, aujourd’hui et demainHaïti, une économie de violence… 

Actuel président de l’Institut Haïtien d’Observatoire de Politiques Publiques (INHOPP), ce père de quatre enfants (Sarah, Sébastien, Isabelle, Fritz-Alexandre) a été Président de la Chambre de Commerce du Nord-est (2012-2016). Homme politique en qui certains décèlent une stature d’homme d’Etat, Fritz Jean a été tour à tour membre du parti politique Lavalas et de INITE. 

Nommé Premier ministre par le Président provisoire Jocelerme Privert le 25 février 2016, il a fait l’amère expérience de l’opposition farouche des députés du PHTK qui n’ont pas accordé leur bénédiction à sa Déclaration de politique générale, freinant ainsi son ascension vers la Primature. C’était le dimanche 20 mars 2016. 

Dénonciateur acharné de « L’économie de violence »

 « Chacun gère sa petite boutique, ne comprenant pas encore les ressorts du jeu séculaire qui n’en finit pas de se déployer dans la fameuse République de Port-au-Prince, se contentant d’être un chef de province dont la voix est incapable de résonner au-delà de son territoire. D’ailleurs, le contrôle de celui-ci échappe à chacun d’eux de façon difficilement réversible… », a écrit Fritz Jean dans son dernier ouvrage publié en 2019, comme pour ironiser ceux qu’il qualifie intelligemment de « tueurs de la ville » ou « entrepreneurs politiques ». 

Regrettant, dans un article publié en octobre 2023 dans les colonnes du journal Le Nouvelliste, que le pays soit vidé de ses ressources et englué dans une situation de croissance négative du PIB, l’économiste croit dur comme fer qu’il est venu le temps de « construire une vraie économie ». 

Aujourd’hui, acteur principal ou de premier ordre faisant partie du fameux Conseil présidentiel de transition, Fritz Alphonse Jean est en train d’écrire une autre page d’histoire, comme il l’avait d’ailleurs prédit le jour où le Parlement lui avait accordé le vote de non-confiance. 

Tout compte fait, placé au pied du mur, l’histoire offre à FAJ l’opportunité de jeter les bases de cette économie qu’il appelait tant de ses vœux.

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