Haïti-Réformes constitutionnelles: un document de plus…

Comme ce fut le cas pour Jovenel Moïse, le pouvoir de transition a eu droit ce mercredi (21 mai 2025) à la réception de son avant-projet de la nouvelle Constitution de la République.
C’est l’ancien Premier ministre Enex Jean-Charles, en sa qualité de président du Comité de pilotage de la Conférence nationale qui a remis officiellement aux membres du Conseil Présidentiel de Transition et au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé le document de 61 pages, au cours d’une cérémonie rassemblant officiels du gouvernement et représentants de la société à la Villa d’Accueil.
Cet acte qui se veut à la fois symbolique et fondamental, vient d’être posé dans un contexte marqué par la terreur des gangs tant à Port-au-Prince que dans des villes de province et des contestations de plus en plus pertinentes quant à la conduite de la transition.
Des secteurs ayant concouru à la formation du CPT de même que d’anciens détracteurs de cette structure présidentielle ne cessent de réclamer le départ du pouvoir actuel en prônant son remplacement par de nouvelles têtes susceptibles d’inspirer confiance.
Les dénonciations quasi quotidiennes concernant la gestion du pays en général et le comportement on ne peut plus questionnable des dirigeants en particulier cristallisent le ras-le-bol des citoyens exaspérés.Ce qui fait redouter un scénario similaire au sort réservé au document produit par la Commission de Réforme Constitutionnelle placée en 2020 sous le leadership de feu-président Boniface Alexandre.
Sans forcément questionner les propositions de modifications soumises au pouvoir en place par la Commission d’Enex Jean-Charles, l’on peut quand même s’interroger sur l’opportunité d’une telle démarche dans un pays où des familles entières sont chassées de leurs quartiers conquis comme des butins de guerre par des terroristes.
Le dialogue souhaité entre les diverses franges de la population haïtienne autour de cet avant-projet peut-il avoir lieu en toute sérénité dans les circonstances actuelles et sans à priori?

Au-delà de la noblesse qui caractérise l’idée d’une réforme constitutionnelle, justifiée par un besoin de modernité et de pragmatisme en prenant en compte les moyens et réalités qui sont les nôtres, le déficit de confiance qui ronge les acteurs fait légitimement planer un doute sur l’aboutissement de l’initiative.