L’Alliance Agricole des BRICS : une opportunité stratégique pour Haïti

L’Alliance Agricole des BRICS : une opportunité stratégique pour Haïti

Par Jude Martinez Claircidor

Alors que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) s’apprêtent à lancer en juin 2025 une Alliance Agricole, Haïti pourrait y trouver un levier pour moderniser son secteur agricole et renforcer sa souveraineté alimentaire.

Selon Calherbe MONEL, Ambassadeur IMBRICS pour Haïti, cette initiative, portée par la Russie avec l’appui du Brésil, du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan, propose une alternative aux modèles agricoles dominants. Pour un pays dont les ressources agricoles restent sous-exploitées malgré un potentiel considérable, cette coopération ouvre de nouvelles perspectives face aux défis structurels qui entravent le développement du secteur.

L’Alliance Agricole des BRICS offre plusieurs avantages. D’abord, l’accès à des technologies avancées telles que l’agriculture de précision et les énergies renouvelables permettrait d’améliorer la productivité, aujourd’hui freinée par des pratiques obsolètes et un manque d’infrastructures modernes. L’échange de savoir-faire et les programmes de formation pourraient accompagner cette transformation en profondeur.

Ensuite, la sécurité alimentaire d’Haïti pourrait se renforcer grâce à cette coopération. L’alliance vise à stabiliser les prix mondiaux et à organiser des échanges plus équitables. Une intégration au sein de ce réseau offrirait au pays des approvisionnements plus sûrs, réduisant ainsi sa vulnérabilité aux fluctuations des marchés internationaux.

L’initiative met également l’accent sur la durabilité environnementale. La réduction de l’empreinte carbone dans l’agro-industrie, grâce à des pratiques agricoles innovantes et à l’utilisation d’énergies renouvelables, permettrait à Haïti de s’inscrire dans des programmes de crédits carbone. Une opportunité économique non négligeable, avec la possibilité de monétiser ces crédits sur des plateformes internationales.

Sur le plan commercial, l’alliance propose des mécanismes d’échange basés sur les monnaies nationales, offrant une alternative aux circuits traditionnels. Haïti, en exportant des produits comme le café, le cacao et les mangues, pourrait accéder à de nouveaux marchés et améliorer la compétitivité de ses filières agricoles.

Cette coopération ne se limite pas aux membres historiques des BRICS. Des pays de l’Union économique eurasiatique, tels que le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, ont manifesté leur intérêt. En juin dernier, plus de 200 délégués russes et 100 représentants internationaux, dont des acteurs majeurs de l’agro-industrie, ont participé à une conférence préparatoire. Des discussions sont en cours pour la mise en place d’une bourse céréalière unifiée, bien que sa concrétisation reste un défi de long terme.

Sur le plan stratégique, l’alliance vise à réduire la dépendance des pays en développement aux institutions financières occidentales, particulièrement dans un contexte où les sanctions économiques bouleversent les chaînes d’approvisionnement mondiales. En proposant des échanges agricoles contrôlés et des règlements en monnaies nationales, elle ambitionne d’assurer une plus grande stabilité aux marchés émergents.

Face à cette initiative, les puissances occidentales pourraient réagir en lançant leurs propres programmes de coopération agricole. L’Allemagne envisagerait déjà une alliance similaire pour séduire les pays du Sud avec des incitations financières et technologiques. Dans cette course à l’influence, les BRICS devront agir rapidement pour consolider leur position.

L’Alliance Agricole des BRICS s’appuie sur des atouts considérables : des terres fertiles en Russie et au Kazakhstan, une expertise tropicale au Brésil, une main-d’œuvre abondante en Inde et des technologies de pointe en Chine. Pour Haïti, elle pourrait être le tremplin d’une renaissance agricole, en offrant des ressources et des alliances stratégiques susceptibles de transformer durablement le secteur.

Dans un monde en pleine recomposition géopolitique, cette initiative incarne une volonté d’autonomie pour les nations émergentes. Reste à savoir si Haïti saura saisir cette occasion historique et s’engager sur la voie d’un développement agricole plus résilient et souverain.

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