Non, le Cardinal Chibly Langlois n’est pas parmi les favoris à la Papauté

Non, le Cardinal Chibly Langlois n’est pas parmi les favoris à la Papauté

S’il est une vérité indéniable, c’est que beaucoup d’haïtiens, sinon tous (même les non-chrétiens), éprouveraient une grande fierté à ce que l’un des ‘’nôtres’’ parvienne à gravir l’ultime échelon au niveau de la hiérarchie de l’église catholique en devenant pape. Mais contrairement aux informations véhiculées par certains médias haïtiens, cette hypothèse n’est pas considérée par les habitués des élections papales. Et quand bien même une telle éventualité existait, il vaudrait mieux ne pas en parler. Et ce, pour plusieurs raisons dont la plupart sont évoquées par des médias occidentaux en faisant référence à des spécialistes du Vatican.

Tout d’abord, un vieux dicton sur ces élections dit : « Qui entre au conclave comme pape en sort cardinal. » Dit autrement, tout candidat perçu comme favori avant le début du scrutin doit être traité avec prudence, et aucun cardinal ne devrait entrer dans la chapelle Sixtine en pensant obtenir les voix.

Lors du conclave de 2013, l’un des favoris était le cardinal Angelo Scola de Milan. Les évêques italiens étaient tellement convaincus de son élection qu’après la fumée blanche qui s’est échappée de la cheminée du Vatican, un haut responsable de l’Église italienne a envoyé un message aux journalistes pour exprimer sa joie face à l’élection de Scola. Le problème était que le cardinal Jorge Bergoglio avait déjà été nommé pape.

Le prochain conclave qui devrait débuter entre le 6 et le 11 mai, (soit dans 15 à 20 jours après la mort du pape François), sera crucial pour décider de l’orientation future de l’Église catholique romaine, et le champ des candidats est vaste grâce aux réformes opérées par le souverain pontife décédé. Durant son pontificat, François a remanié la composition de l’instance qui élira son successeur, la rendant plus représentative de l’Église mondiale.

Il a abandonné la vieille règle tacite selon laquelle les évêques de certains diocèses (dont plusieurs en Italie) seraient automatiquement nommés cardinaux et a attribué des chapeaux rouges à des évêques de régions du monde qui n’en avaient jamais eu auparavant, comme Tonga, Haïti et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Plusieurs d’entre eux sont « étrangers » au système romain, ce qui le rend plus difficile de prédire leur vote.

Néanmoins, seuls quelques cardinaux possèdent les compétences, l’expérience et la personnalité requises pour assumer la direction de l’Église catholique romaine. Les électeurs devront tenir compte des priorités de l’Église et du profil du prochain candidat. Ils devront également se demander si le prochain pape doit poursuivre les réformes engagées par François ou emprunter une autre voie. Ils rechercheront une personne capable de diriger une Église mondiale et d’offrir un leadership moral crédible sur la scène internationale. Certains voient l’avenir de l’Église en Asie, ce qui a suscité des spéculations sur la possibilité que le prochain pape soit originaire d’Asie du Sud-Est. Ici on pense à des ressortissants de Philippines comme Luis Antonio Tagle et Pablo Virgilio Siongco David, âgés respectivement de 67 et 66 ans. 

D’autres noms comme ceux du japonais Tarcisius Isao Kikuchi,66 ans, de l’Archevêque de Kinshasa (seul noir dans la liste des favoris), Fridolin Ambango Besungu, 65 ans, de la République Démocratique du Congo, des canadiens Gérald Cyprien Lacroix, 67 ans et Michael Czerny, 78 ans, des américains Joseph Tobin, 72 ans, Robert Prevost,69 ans, de l’espagnol Cristobal Lopez Roméro,72 ans, du luxembourgeois Jean-Claude Hollerich,66 ans, du hongrois Péter Erdo,72 ans sont également mentionnés de même que ceux de deux cardinaux italiens Pietro Parolin,70 ans et Matteo Zuppi,69 ans. 

La liste est longue. Un autre facteur non négligeable est celui de l’âge vu que les deux derniers conclaves ont opté pour des papes plus âgés afin de garantir des pontificats plus courts.

À la lumière des considération précédentes, l’on voit clairement que notre compatriote Chibly Langlois, Prince de l’église catholique, ne fait pas partie des ‘’papabile’’ pressentis pour prendre la succession de Saint Pierre. 

Premier et unique haïtien à avoir été élevé à la dignité de cardinal par le pape François en février 2014, le natif de La Vallée de Jacmel (Sud-Est), Chibly Langlois est venu au monde le 29 novembre 1958. Après son ordination en tant que prêtre en 1991, il a alterné études et responsabilités au sein de l’église. L’actuel évêque des Cayes est passé par le diocèse de Fort-Liberté où son leadership, sa dévotion et sa sagesse ont été mis à l’œuvre. 

Au-delà des valeurs et capacités personnelles exigées de la part de ceux qui prétendent accéder au trône de Saint Pierre, un autre paramètre pour le moins implicite reste l’image. Vu la situation d’Haïti où des symboles forts de l’Église sont soit attaqués par des gangs ou en mal de reconstruction depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, il serait difficile de placer un des ressortissants de ce pays déchiré par des querelles politiques interminables à la tête du Saint-Siège, connu pour sa Majesté et son rayonnement mondial.  

Avec La Presse, CNN, Le Monde

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