“Pasteur Marco”, coresponsable du carnage de Canaan: désormais en campagne de charme…
Au contraire de ses voisins qui s’inscrivent dans une logique de progrès axé sur le renforcement institutionnel, Haïti habitue ses fils et filles avec des réalités aussi choquantes qu’incongrues. S’enfonçant dans l’ignominie qui à chaque fois prend des proportions encore plus graves, l’État, dans son expression ou son inaction ne se soucie guère d’assumer ses pouvoirs régaliens. Le cas du pasteur Marcorel Zidor en est une illustration parfaite.
Port-au-Prince, le 29 avril 2025.-
Le responsable de l’Église dénommée « Piscine de Bethesda » avait conduit à la boucherie ses fidèles le samedi 26 août 2023 dont plusieurs ont été assassinés, d’autres séquestrés et soumis à des interrogatoires dirigés par le Caïd « Jeff Gwo Lwa ».
Ce samedi matin, ils étaient plusieurs centaines d’adeptes, vêtus de maillots frappés d’un logo au nom du leader religieux, dont la plupart en verts olive et armés de fusils d’assauts, à prendre la direction du repaire de bandits qu’est Canaan. Ils ont tout fait pour contourner les agents de la Police nationale qui tentaient de les dissuader de s’aventurer sur les lieux. Le mot d’ordre était d’aller déloger le gang en question comme un ange tombé du ciel l’aurait révélé au pasteur.
« Une fois informée, la Police avait pris des dispositions en établissant des périmètres de sécurité pour empêcher aux participants d’atteindre leur destination, et entrepris des pourparlers en vue de convaincre les organisateurs de ne pas continuer dans cette entreprise pour éviter un carnage de la part des bandits qui disposent d’un arsenal de guerre » a écrit l’institution policière dans un communiqué paru après le drame regrettable et révoltant.
Et comme on le sait tous, la tragédie n’a pas été épargnée. Le prétendu affrontement a fait de nombreux morts et des blessés par balles dans le camp des frères et sœurs en Christ.
Le religieux, instigateur de la marche fatale, aura boudé coup sur coup les invitations respectives de la Direction Centrale de la Police Judiciaire et du Parquet de la Croix-des-Bouquets qui cherchaient à l’interroger, en compagnie de ses complices Abia Bernadeau, Mud-Lande Montas, Jonal Louissiant et consorts. Depuis, la Nation n’a pas eu vent de l’enquête judiciaire ouverte en vue de fixer les responsabilités pour éviter que de de tels actes irrationnels se reproduisent dans la société haïtienne.
L’État : premier responsable du carnage
Même s’il est vrai que la manifestation organisée par le pasteur Zidor n’a pas été autorisée par la Police, la responsabilité de l’État haïtien est engagée étant donné qu’il détient le monopole de la violence légale et de la force publique. À ce titre, il devait par tous les moyens empêcher les manifestants d’atteindre la zone de Canaan ‘’vu le danger imminent’’ selon plusieurs hommes de loi contactés par la rédaction de Télégramme360.
Choquées au même titre que le reste de la société, des organisations de défense des droits humains dont le RNDDH, la FJKL, le CARDH ainsi que l’Office de la Protection du Citoyen avaient condamné la tuerie de Canaan et appelé à des poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs et co-auteurs de cet acte odieux. Mais il n’en est rien à ce jour.
Ceux qui ont été tués ou sont sortis paralysés dans ce massacre l’ont été à cause de l’irresponsabilité des uns et de l’impitoyabilité des autres.
Toujours libre de ses mouvements, le pasteur Marcorel Zidor pavane et se pose désormais en ‘’bienfaiteur’’, visiblement en quête d’absolution, en multipliant les initiatives. Tout comme les dirigeants de cet État déliquescent, il ne donne pas l’impression de se faire du souci pour les victimes du carnage du 26 août 2023 dont les parents et proches ne peuvent que prendre leur mal en patience en attendant d’obtenir justice.
