Yves Lafortune ou la “Voix” qui appelle à gouverner la rosée!
In extenso
4 mars 1971. C’est à cette date qu’est né Yves Lafortune. C’est aussi à cette date que s’était produit la « tempête du siècle », qui avait paralysé une partie du Québec. Des critiques disent de Yvlaf qu’il est l’homme de la « démesure ». Puisque nous vivons dans un monde où tout serait lié (effet papillon), peut-être que le catastrophique évènement québécois a eu une certaine influence sur le caractère du petit être jeté au même moment dans l’espace haïtien.
Quoi de plus démesuré qu’une tempête ? En tout cas. Restons-y un peu. 4 mars 1971 c’était un jeudi ; jour de Jupiter, dieu du ciel et de la foudre. Toutes les liaisons sont là, hein. Et comme Jupiter, le natif de Port-au-Prince se veut un « Maître », il aime l’enseignement et l’apprentissage. Sa Maîtrise (Administration publique), Yves Lafortune l’a obtenue à l’École Nationale d’Administration Publique (ENAP, 2009-2012). Au Québec.
A l’heure où sa mythique ville natale est à l’épreuve des balles des bandes armés sans âme ni état d’âme, le licencié en Droit de la Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE, 1991-1995) est ‘’accueilli’’ chez l’Oncle Sam où il est Doctorant en Politiques Publiques et Administration à Walden Université, Minneapolis, Minnesota.
En effet, les Etats-Unis, où Yves Lafortune poursuit sa quête sempiternelle du Savoir, ne sont pour lui, littéralement, qu’une ‘’terre de transit’’. Comme bon nombre de ses contemporains, l’ancien Directeur technique du Ministère de la Culture (2004-2022) a dû laisser son pays pour cause… d’insécurité.
D’ailleurs, puisque nous sommes au ‘’Moment’’ des grandes interrogations, de la remise en question, de la recherche de solutions radicales, Yvlaf, penseur impénitent de son état, est en hibernation intellectuelle, dirions-nous. Soit. « Dans l’esprit de Jacques Roumain, mon rêve est qu’un jour, la rosée cesse d’être captée par quelques-uns et soit enfin gouvernée au bénéfice de toute la population haïtienne », espère l’ancien étudiant de l’Ecole Normale Supérieure (Lettres modernes, 1992-1994) et critique musical sachant laisser parler la force de l’objectivité.
Ici, l’on comprend aisément que cet homme toujours droit et debout n’a pas lâchement fui sa République pour la regarder s’effondrer, en coulant des jours heureux à l’ombre des gratte-ciels étasuniens. Loin de là !
Dans la tête ce Patriote qui explicitement et implicitement s’identifie au Manuel de l’éminent ethnologue haïtien, l’idée du retour au pays natal est là… têtue et tenace.
Comprenez bien, comprenez mieux, ce quinquagénaire marié et père de deux (2) adultes que le Génial mégalomane Frankétienne se plaisait à appeler son fils, a fait du Patriotisme et de la Liberté un acte de foi. Alors qu’il était autrefois un passionné de sport, aujourd’hui, le temps et l’expérience obligent, il a fait d’Haïti sa seule et unique passion. Depuis peu, son engagement citoyen est son sport. Autant dire qu’à la nouvelle Haïti, cet homme qui a grandi dans une véritable mosaïque religieuse (catholicisme-protestantisme-vodou) y croit… solidement.
Dans ses propos à la fausse allure de ‘’dernier mot’’, l’on mesure quelque peu la dimension de son espérance et de sa mission historique : « À la porte de la Harvard Kennedy School, j’ai lu cette phrase tirée du discours inaugural de JFK :
‘’Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays.’’ C’est dans cet esprit que j’ai toujours œuvré pour ramener à Haïti les savoirs et l’expertise de professeurs canadiens et américains afin de nourrir un débat technique et éclairé. Aujourd’hui, au moins, on parle de politique publique. J’ai l’espoir qu’avec le temps, les politiques finiront par développer un véritable sens de l’État. Mon rêve est de continuer à mobiliser toutes les ressources possibles pour influencer, dans la bonne direction, les politiques publiques de mon pays ».
