29 février 2024: en démonstration de force, les gangs armés tuent, incendient, terrorisent…
A Port-au-Prince, Delmas, Tabarre, Croix-des-Bouquets (Plaine du cul-de-sac…), la tension était montée d’un cran ce jeudi 29 février 2024. Dans un mouvement visiblement programmé, les gangs de « Vivre Ensemble » ont fait parler la poudre pendant toute une journée et jusqu’à tard dans la soirée.
Port-au-Prince, le 29 février 2024.-
La facture est salée. Au moins quatre policiers ont été abattus de sang-froid par les Hors la loi de Canaan, après leur avoir opposé une forte résistance. Parmi les agents victimes, faute de renforts, figurent deux policières.
Cet acte pour le moins révoltant s’est produit au Sous-Commissariat de Bon-Repos pris pour cible par les malfrats, rapporte le Syndicat National des Policiers Haïtiens (SYNAPOHA). Un lourd bilan pour la Police Nationale d’Haïti dont l’effectif s’est énormément amenuisé depuis le lancement du Programme américain « Humanitarian Parole » (Plus de 3.000 policiers ont déjà laissé le pays à destination des Etats-Unis, depuis le 6 janvier 2023).
Toujours dans le camp de la PNH, les dégâts matériels ne sont pas moins abyssaux : le Sous-Commissariat de Portail-Léogâne a été saccagé, avant d’être incendié ; celui situé en plein cœur du Marché Salomon pris pour cible ; la clôture de l’Ecole Nationale de Police sur la Route de Frères (Pétion-Ville) a été partiellement renversée. Un acte qui porte l’empreinte du gang « Kraze baryè » de Vitel’Homme Innocent.
En attendant le bilan officiel, l’évidence donne à voir une police mise en déroute par des bandits en l’espace d’une journée.
Sans défense, la population civile a également été prise pour cible. A l’Avenue Magloire Ambroise (Port-au-Prince), deux marchandes ont été tuées par balles. La photo de leurs cadavres allongés à coté de leur misérable petit commerce confirme que les gangs armés ont véritablement tiré un trait sur leur conscience. « L’acte est bien en deçà de l’inhumanité », réagissent des citoyens dans des commentaires sur les réseaux sociaux.
A Damien, un étudiant de la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) a été atteint d’un projectile, d’autres ainsi que des responsables de cette entité de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) ont été gardés en otage pendant plusieurs heures.
Des matériels de travail appartenant aux étudiants ont été confisqués par les malfrats, rapportent des victimes. Dans les zones en ébullition, les écoles ont été contraintes de renvoyer chez eux les élèves. Des images montrant des fillettes fuyant sous des détonations suscitent colère et indignation. Une vidéo sur laquelle on peut voir des lycéens se mettre à l’abri dans une salle de classe dans la capitale, laisse voir tout le danger qui pèse sur ces enfants en quête du pain de l’instruction. Instinct de survie oblige, l’Institution Saint Louis de Gonzague annonce la fermeture de ses portes dès ce vendredi 1er mars.
Dans cette spirale de violences armées, le secteur aéroportuaire a été également visé. A l’aérogare Guy Malary, un avion qui s’apprêtait à prendre son envol pour Cuba, a essuyé des projectiles. A l’Aéroport International Toussaint Louverture, la panique était à son point culminant.
Des employés sont sortis blessés lors des affrontements entre bandits et forces de l’ordre, des installations aéroportuaires ont été touchées par des projectiles. Conséquences : des compagnies aériennes, Sunrise Airways et American Airlines, ont dû suspendre leurs vols jusqu’à nouvel ordre.
Pendant que le Premier Ministre Ariel Henry est à Nairobi (Kenya) pour finaliser les modalités du déploiement de la Mission Multinationale de Sécurité, les gangs armés, eux, étaient en démonstration de force à Port-au-Prince.
Des critiques gouvernementales formulées vont dans le sens « d’une activation calculée des gangs armés par le pouvoir en place, pour porter les autorités kenyanes à agir vite face à la tyrannie de l’urgence ». En tout cas, il ne fait aucun doute que les gangs armés disposent d’une force réelle capables de leur faire gagner encore plus de territoires.
