Détrompez-vous: Haïti ne représente pas un intérêt pour les occidentaux, estime Camille Edouard Jr
Alors que des haïtiens espéraient voir l’un de nos grands voisins occidentaux à savoir les États-Unis ou encore le Canada à la tête d’une intervention militaire pour aider à combattre l’insécurité qui bat son plein dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, le pays de Justin Trudeau vient de tuer tout espoir en ce sens.
Questionné sur les chances d’une telle éventualité, dans son bureau à Ottawa le jeudi 9 mars 2023, le chef d’État-major de la défense canadienne déclare craindre ne pas disposer de la capacité pour diriger une mission en Haïti en raison de son engagement aux côtés des forces de l’OTAN et en Ukraine.
Port-au-Prince, le 10 mars 2023.-
Cette déclaration de Wayne Eyre n’est autre qu’une douche froide pour nos compatriotes qui voyaient-dans la navette d’un avion militaire canadien dans le ciel d’Haïti (pour une mission de renseignement) en février dernier et l’arrivée dans la rade de Port-au-Prince de deux bateaux de l’armée canadienne au début de ce mois-des signes prémonitoires à un déploiement de troupes au sol.
Dans cette interview accordée à l’agence Reuters, le général canadien se veut claire “La solution doit venir du pays d’accueil lui-même”, avant d’ajouter qu’il revient aux Haïtiens de s’approprier la solution à la crise actuelle.
Voilà une déclaration qui traduit purement et simplement le choix des intérêts du Canada, déduit l’ancien ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Camille Edouard Junior.
“En dépit de la proximité géographique d’Haïti avec certaines puissances occidentales, ces dernières affichent une indifférence vis-à-vis des problèmes politique et sécuritaire du pays car la résolution de ces problèmes ne fait pas partie de leurs priorités”, déplore l’ancien titulaire du MJSP.
Les États n’ont pas d’amis’’. ‘’Ils n’ont que des intérêts pour lesquels ils sont prêts à faire la paix ou à faire la guerre, précise le professeur d’universités en recourant aux relations internationales.
Dans le même temps, ces mêmes prétendus amis d’Haïti viennent à la rescousse de l’Ukraine qu’ils supportent à coup de centaines de millions de dollars, en armes et munitions.
L’avocat dit voir dans le comportement de l’international une similitude avec la situation qu’a connue le Rwanda avant le génocide de 1994.
Comme remède aux maux de l’heure, Me Camille Edouard Junior propose une solution à l’haïtienne sans les dirigeants qu’il accuse d’incompétents et d’insouciants qui ne jurent que par le pourrissement de la situation. ‘’Le Premier ministre Ariel Henry et son équipe n’ont aucune compétence encore moins de crédibilité et de volonté pour juguler la crise’’.
‘’Des moyens forts et des sacrifices majeurs pour redresser la barre’’
“Je pense qu’il y a une volonté des autorités actuelles dans la détérioration du climat sécuritaire du pays pour se maintenir au pouvoir” insiste-t-il tout en indiquant que nous vivons sous l’application de la théorie “du cynisme de l’exercice du pouvoir”.
En dépit de cette situation caractérisée par le ralentissement total des activités économiques, l’augmentation des cas d’enlèvement et des assassinats provoquant la fermeture de certains établissements scolaires, l’ancien ministre de la Justice et de la Sécurité Publique reste persuadé que le redressement de la situation est possible. Pour y parvenir, il faudrait utiliser des moyens forts et consentir d’énormes sacrifices, prévient-il.
‘’Il faut un changement de leadership à la tête de l’État’ ’Un changement du mode opératoire de la PNH et le renforcement du bloc logistique de l’institution’’, recommande l’homme de loi.
En tant qu’ancien vice-président du Conseil Supérieur de la Police nationale, il nous détaille ce qu’il considère comme étant la recette minimale pour redonner aux forces de l’ordre les moyens de leur ambition.
Une centaine de véhicules blindés, une cinquantaine de drones, le renforcement de la capacité balistique pour faciliter les opérations de longue durée avec une puissance de frappe supérieure à celle des bandits. Et par-dessus tout, l’avocat préconise une évaluation en profondeur au sein du personnel policier pour déterminer qui sont les éléments disposés à combattre après épuration.
