Là où l’expression ” lakay se lakay” trouve son vrai sens

Là où l’expression ” lakay se lakay” trouve son vrai sens

A travers cette initiative, Télégramme 360 se propose de vous aider à vous remémorer des souvenirs d’Haïti, vous replonger dans les trésors du passé et mettre en valeur votre Haïti à vous….

Les lecteurs et lectrices sont les principaux auteurs et autrices de cette rubrique à travers la publication de leurs tranches d’histoires personnelles, témoignages, anecdotes et autres qui nous ramènent des années en arrière…

Qu’il s’agisse de récits, de photographies de lieux, de vielles cartes postales, d’évènements banals ou extraordinaires, de faits d’importance historique ou de simples images de la vie quotidienne, prenez donc plaisir à revivre des émotions intenses en les partageant…

Email: telegramme360@gmail.com


Richard Barbot en train de peindre dans son atelier

Immigré au Canada dès mon plus jeune âge, ma mère n’a jamais raté une occasion pour nous porter à nous familiariser avec Haïti et nous faire découvrir et aimer les différentes facettes du pays. Mais franchement, je ne m’attendais pas à découvrir ce qui était à mes yeux un joyau et vivre cette expérience inoubliable, époustouflante lors de mon premier séjour en Haïti dans les années 80.

Dès que j’avais mis les pieds sur le sol natal, j’étais tombé en amour avec le climat, cette sensation de bien-être qui m’accaparait tandis que l’air chaud m’embrasait la peau agréablement. J’avais eu la sensation d’être un privilégié. Et j’allais également découvrir cette même chaleur intensément agréable pratiquement chez tous les haïtiens. A cette époque, l’esprit de la collectivité imprégnait la population.

Les gens se côtoyaient sans inquiétude, on connaissait nos voisins, ils nous connaissaient, et on prenait tous soin les uns des autres. Je sentais que j’étais parmi les miens car c’était pour la première fois que j’avais un sentiment d’appartenance à mon environnement. J’avais pleinement la sensation de vivre dans une communauté contrairement à ce que j’avais longtemps vécu au Canada qui est une société purement individualiste.

À ce moment-là, j’avais compris tout le sens et l’ampleur de l’expression ” lakay se lakay” que ma mère lançait assez souvent.

Durant les vacances d’été qui m’ont conduit chez mon oncle dans la ville des Cayes, mon cœur s’est emballé à la vue de la nature verdoyante qui défilait sous mes yeux le long de la route qui menait dans le sud tout en étant envoûté par la beauté et l’odeur des paysages de plus en plus surprenants. Que de souvenirs et de petits moments de plaisirs simples mais magiques et mémorables.

Avec mes cousins, on allait tous les jours à “gelée” la fameuse plage très prisée de la région et en début de soirée comme presque tous les riverains on se rendait au coin de la rue du Quai chez Ida (bâtiment de city limit), une marchande d’ak-100 (crème de mais au lait aromatisé) avant de se diriger vers toutes sortes d’activités et de détentes nocturnes. 

On pouvait palper la vitalité, la convivialité des cayens et cayennes. La ville bouillonnait de vie et c’est là aussi que j’ai eu le bonheur de savourer pour la première fois l’ambiance d’une bande à pied, un avant goût de ce que pouvaient être les festivités carnavalesques en Haïti.  

Cette première expérience de voyage, de découverte et de partage était tellement intense, notamment en émotions, en appropriation culturelle que je n’avais plus envie de retourner au Canada pour terminer mes études.

Aujourd’hui, il ne me reste que ces bons souvenirs enfouis quelque part dans ma mémoire et qui me donnent l’espoir qu’Haïti peut encore renaitre, car malgré tout, je reste convaincu qu’il existe encore chez l’haïtien une partie-aussi infirme soit-elle-de cette fibre de générosité, de convivialité et de solidarité qui tend à disparaitre. En dépit de tout, Haïti reste pour moi le seul endroit au monde que j’ai toujours envie d’appeler “chez moi. “Lakay ap toujou rete lakay’’.

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