Mourir en attendant le déploiement de la force multinationale

Mourir en attendant le déploiement de la force multinationale

C’est définitif ! En Haïti, le monopole de la violence n’est plus une affaire d’Etat. Il n’y a que la loi scélérate et non écrite des bandits armés qui vaille. Les preuves que le pays n’est ni dirigé, ni administré sont nos compagnes journalières ; elles se multiplient à un rythme effréné. 

Morts par balles, blessures par balles, tortures, incendies, lynchages…, voilà ce qui définit l’univers haïtien au quotidien, au mépris des autorités concernées, à l’évidence non concernées, dont l’espoir repose sur le déploiement on ne sait quand de la Mission Multinationale de Sécurité. En attendant, les groupes armés ont carte blanche pour tuer. De fait, ils tuent. 

A Morne-à-cabris, ils ont tué, dimanche 18 février 2024, plusieurs passagers à bord d’un minibus. A en croire les chiffres disponibles, il n’y aurait que quatre (4) survivants. Peu avant, soit le samedi 17 février 2024, les malfrats de Savien (Département de l’Artibonite) ont brûlé vives plusieurs personnes, incendiant également trois camions remplis de marchandises. 

L’autobus assurant le trajet Port-au-Prince-Mirebalais, à bord duquel se trouvent les passagers tués dimanche à Morne-à-Cabris

Comme pour exposer à la face du monde leur cruauté sans limite et leur force indomptable parce qu’indomptée, la scène a été filmée et diffusée de manière virale sur les réseaux sociaux. 

A l’entrée sud de la capitale haïtienne, les caïds sont aussi en démonstration. Le président de l’Association des Propriétaires et Chauffeurs d’Haïti (APCH), Changeux Méhu, rapporte que plusieurs chauffeurs et passagers ont été enlevés à Portail Léogâne ces derniers jours. Comme l’absence et le silence des dirigeants, le mal se veut permanent. 

Tacite, mais le message du Gouvernement de facto est pourtant clair : le peuple peut mourir jusqu’à l’arrivée de la force multinationale de sécurité. Pas d’échappatoire, la mort c’est l’option ! 

Cette constatation est d’autant plus désarmante que l’Haïtien banalise ses cadavres jusqu’à la découverte d’une certaine esthétique de la mort, comme l’a signalé le Sociologue Antoine Augustin dans une récente interview médiatique. 

Tout compte fait, Friedrich Nietzsche avait raison en disant : « Si tu plonges longtemps ton regard dans l’abîme, l’abîme te regarde aussi ». Pour avoir longtemps côtoyé les morts, dans les rues comme dans les espaces virtuels, nos yeux s’y sont habitués jusqu’à nous rendre insensibles (ou presque) au mal que représente le fait d’ôter la vie à des gens innocents.  

Vu l’état actuel des choses, c’est n’est pas demain qu’Haïti sortira de l’auberge. D’ailleurs, la Police Nationale, à travers la multiplication des voyages à l’étranger de son commandant en chef Frantz Elbé, assimilables à des appels au secours et à la pitié, confirme être à bout de ressources, à bout de plans pour Protéger et Servir la population. 

A nos dépens, les gangs armés ont encore de beaux jours devant eux. Sur nous s’appliqueront encore et encore leurs lois d’essence inhumaine, en attendant on ne sait à quand l’arrivée de la Sainte force multinationale. A défaut de pouvoir agir ou réagir, prions pour que ce déploiement ne soit pas interminablement renvoyé à la Saint-Glinglin ! 

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